Constructions écologiques
Bâtir avec la nature – Bâtir pour la nature
Nos activités de construction impactent considérablement l’environnement : surexploitation des ressources, consommation d’énergie, production de déchets, pollution atmosphérique, émission de gaz à effet de serre, atteinte à la couche d’ozone ou encore acidification des sols. La contribution de l’industrie du bâtiment aux problèmes environnementaux, et donc également sa responsabilité, est bien plus importante qu’on ne le pense en général.
« Bâtir » — une tâche toujours plus complexe
Pour garantir la valeur à long terme d’un bâtiment lorsqu’on se lance aujourd’hui dans un projet immobilier, il faut prendre en compte la question de la « construction saine » et donc de la qualité de vie qu’offre cet ouvrage. Contrairement aux idées reçues, les bâtiments sains et écologiques ne sont pas forcément plus chers que les constructions classiques. Il est toutefois important d’inclure cet aspect dès le début du projet, avant même que l’architecte ne commence ses plans. C’est donc non seulement le planificateur, mais aussi le maître d’ouvrage qui doit prendre ses responsabilités. Il peut en effet décider des ressources à mettre en œuvre et de l’impact environnemental de son bâtiment, lors de la construction, mais également pendant toute la durée de vie de celui-ci, sur une, deux ou plusieurs générations.
Durabilité
Dans la discussion actuelle sur la protection de la nature, « durabilité » est devenu un terme à la mode qui est défini et interprété de différentes manières. Le mot apparaît dans les années 1990, mais reprend le concept de « soutenabilité » employée dans une optique environnementale dès 1346, dans une ordonnance sur l’administration des forêts. Ainsi, en sylviculture, la notion de forêt cultivée soumise à une exigence de renouvellement perpétuel de la ressource existe depuis très longtemps. Et ceci est en fait la considération à la base de l’économie circulaire.La commission de l’ONU définit la durabilité comme critère pour un développement qui permet à la société actuelle de couvrir ses besoins sans toutefois réduire les possibilités des générations futures de faire de même.
Il s’agit d’une approche qui touche à la fois les domaines de la société, de l’économie et de l’écologie. Or, c’est particulièrement dans le secteur du bâtiment que se développe la recherche et l’application de critères écologiques. On peut ici identifier quatre principes écologiques :
- Éviter la surexploitation des ressources non renouvelables. Les mesures suivantes s’y prêtent : utilisation optimisée des surfaces ; minimisation de la consommation d’énergie primaire pour l’exploitation, le chauffage et l’eau chaude ; choix de matériaux de construction demandant peu d’énergie à la production et utilisation de produits recyclés ; constructions simples et compactes qui permettent un emploi plus efficace des matières premières ; longévité et durabilité assurées par des éléments de bâtiment bien protégés et facile à remplacer.
- Garantir la régénération des ressources renouvelables. Le bois est la principale matière première renouvelable de l’industrie du bâtiment. Si les forêts sont exploitées de manière durable, il sera également à la disposition des générations futures. Il est donc crucial d’éviter absolument l’utilisation de bois provenant de coupes à blanc des forêts sibériennes, canadiennes ou tropicales.
- Réduire la présence de déchets et résidus toxiques dans l’environnement. L’utilisation de sources d’énergie non renouvelables a des impacts considérables sur l’environnement, par exemple l’effet de serre, l’acidification et la surfertilisation des sols, la pollution de l’air et des océans et les risques de l’énergie nucléaire. En minimisant l’utilisation de matières premières non renouvelables, il est possible de réduire fortement les déchets toxiques et nuisibles à l’environnement. Il est toutefois conseillé de contrôler également si la fabrication, le traitement, l’utilisation ou l’élimination des produits de construction génère des déchets et résidus toxiques.
- Protéger la biodiversité. Chaque bâtiment a un impact sur la nature et réduit de manière plus ou moins importante la biodiversité. L’imperméabilisation des sols par des constructions ou des routes doit être minimisée et compensée par des mesures adéquates. L’exploitation et l’utilisation de matières premières non renouvelables menacent souvent les systèmes écologiques et éviter leur emploi contribue à protéger la biodiversité.
Mise en œuvre
Un projet de construction repose sur les partenariats entre le maître d’ouvrage, les entreprises et les prestataires de services tels que l’architecte, l’ingénieur du bâtiment, le bureau d’étude et les exécutants. Le succès d’un tel projet dépend essentiellement du bon fonctionnement de ces partenariats. De nombreuses PME ne sont toutefois pas en mesure de fournir le savoir-faire requis, notamment pour des raisons de capacités. Information, constitution d’équipes, suivi et assurance qualité sont donc des aspects décisifs tout au long du processus de construction. La constitution d’équipes de planification est judicieuse, pas seulement pour les grands projets complexes et les bureaux d’étude spécialisés et les experts aident à exécuter de manière optimale les tâches en présence. Les informations d’un expert externe sont utiles, surtout dans la phase préliminaire. Pour que l’architecte puisse évaluer et réaliser les souhaits du maître d’ouvrage, celui-ci doit clairement les formuler.
L’assurance qualité commence en assistant le maître d’ouvrage lors de la définition de ses objectifs et de l’identification des exigences et objectifs écologiques et énergétiques, éléments qui constitueront le fil directeur de la planification et de la réalisation. Les concepts, plans et appels d’offres peuvent alors être établis conformément aux objectifs et leur adéquation vérifiée.
La construction commencera sur des bases optimales si
- les artisans sont informés des exigences écologiques dès l’attribution du contrat ;
- ils disposent d’une liste de déclaration de toutes les substances et produits chimiques qui seront utilisés sur le chantier ;
- une entreprise spécialisée contrôle si les produits proposés sont bien conformes aux spécifications de l’appel d’offres, aide les artisans à fournir la documentation requise et valide les produits utilisés ;
- un « contrôleur de chantier écologique » vérifie l’utilisation des produits sur le chantier lui-même.
Lorsque le bâtiment doit faire l’objet d’une certification ou obtenir un label, il faut veiller à ce que l’assurance qualité du processus de construction dans sa totalité, y compris des réalisations concrètes, soit effectuée. C’est la seule manière de garantir que les critères du certificat sont réellement remplis.
Déclaration des produits
La déclaration écologique des produits de construction n’est aujourd’hui ni usuelle ni unifiée. Même les experts ont parfois des difficultés lorsqu’ils doivent examiner les certificats d’essai, les caractéristiques techniques ou les niveaux de polluants ainsi que leurs impacts. Les indications diverses des fabricants ne font que compliquer la tâche.
Afin de réaliser des projets de construction écologiques et sains, on peut recourir à plusieurs bases de données de produits.
Texte : Bmst. Harald Gmeiner, Dornbirn, Energieinstitut Vorarlberg (AT)